Fanjeaux, coeur du catharisme

Fanjeaux est un petit village médiéval (moins de 1000 habitants) à l’Histoire chargée et intrigante, situé sur un promontoire rocheux à plus de 300 mètres d’altitude. Lieu de passage obligé entre Toulouse et Carcassonne à l’époque médiévale, le village est alors un point stratégique convoité de toutes parts. Fanjeaux a longtemps été un haut lieu du catharisme, un mouvement religieux dérivé du christianisme très présent en Occitanie à l’époque médiévale. Les fidèles étaient appelés « bons hommes », « bonnes femmes » puis les termes « parfaits », « hérétiques » et « cathares » sont venus de leurs adversaires, souvent Catholiques. Au début du XIIIè siècle, Saint Dominique est mandaté par le pape Innocent III pour évangéliser et enrayer le catharisme en Occitanie. Adepte d’une approche uniquement basée sur la parole, celui-ci finira par s’établir à Fanjeaux et créer l’ordre des Dominicains qui est aujourd’hui encore très présent dans le village. À partir de 1209, une violente répression est lancée contre le catharisme lors de la Croisade des Albigeois et une répression judiciaire est mise en place peu de temps après avec l’Inquisition. Ce sont donc ces ruelles et places chargées d’Histoire que nous avons arpenté le temps d’une après-midi accompagnés des précieuses explications de Sophie qui travaille à l’Office de Tourisme Intercommunal Au Cœur des Collines Cathares.

L’ancien lavoir du village, la maison de Saint Dominique et sa porte de bois sculptée ou encore l’église Notre Dame de l’Assomption classée monument historique sont autant de perles et de curiosités qui se trouvent dans le charmant petit village. Nous avons adoré nous perdre dans les ruelles, observer et comprendre leur Histoire aux côtés de Sophie qui semble incollable. Le point culminant de la visite étant sans aucun doute le Seignadou qui offre un panorama incroyable sur les environs. Les plaines s’étendent à perte de vue et par temps clair, on peut voir le fameux pic de Bugarach émerger de l’horizon. C’est là aussi que se trouvent d’intrigantes statues métalliques réalisées par Loïc Tellier pour raconter le Fanjeaux du Moyen-Age. Il y en a en fait plusieurs disséminées un peu partout dans le village mais celles-ci nous ont particulièrement interpellés.

Face aux paysages infinis, 5 personnages discutent et disputent les fondements de l’Eglise. Des Cathares avec des gilets courts sont représentés face aux représentants de l’Eglise Romaine, en gilet long. Ce type de joute verbale avait souvent lieu à l’époque et il s’agissait de faire preuve d’éloquence et de conviction pour rallier les spectateurs à sa cause. Parfois, il était difficile de départager les protagonistes et on avait alors recours à des méthodes un peu moins conventionnelles comme lors de la dispute de Montréal qui opposa Saint Dominique à Guilhabert de Castres. Ces derniers ont dû se soumettre à l’épreuve du feu pour être départagés. Chacun jeta ses notes au feu pour s’en remettre au jugement divin et paraît-il que seul les écrit du cathare Guilhabert de Castres ont été brûlés alors que ceux de Saint Dominique n’ont pas été consumés scellant alors la victoire de ce dernier.

Les châteaux de Lastours

Situés un peu plus au Nord des Collines Cathares, les Châteaux de Lastours font aussi partie des 21 sites d’exception du pays cathare. Occupé depuis l’âge de bronze, le site de Lastours est aussi chargé d’une histoire riche qui s’étend sur plusieurs siècles. Connu sous le nom de « Caput Arietis Castra » en 583, c’est en 1063 que Lastours se développe comme une importante seigneurie minière appelée « Seigneurie de Cabaret ». Celle-ci est composée de 3 châteaux primitifs : Cabaret, Surdespine et Quertinheux complétés par un village médiéval et la Tour Régine, construite plus tard. En pleine époque du catharisme, il apparaît que les seigneurs de Cabaret étaient très proches des adeptes de cette religion et il n’était pas rare d’y apercevoir certains hauts responsables cathares, faisant de Lastours un autre haut lieu du catharisme.

Les châteaux de Lastours sont aujourd’hui principalement à l’état de ruine mais ne manquent assurément pas de charme. Ils sont situés en hauteur et offrent donc une vue privilégiée sur les environs. Les inombrables écorchures visibles sur leurs façades témoignent aisément de leur Histoire chargée et il n’est pas anodin de les parcourir tout en imaginant tout ce qu’il a pu s’y passer il y a plusieurs siècles. Pour les visiter, il faut prévoir environ 2 heures et surtout de bonnes chaussures car les escaliers, pentes et côtes ne manquent pas! Un petit coupe-vent est aussi le bienvenue étant donné que les châteaux sont au sommet de collines. Pour profiter pleinement d’une vue d’ensemble sur les Châteaux de Lastours, il n’y a pas mieux que le Belvédère situé à seulement 2 kilomètres. C’est finalement le point de vue que nous avons préféré!

La route des moulins

Pour découvrir les environs de manière un peu plus insolite, pourquoi ne pas emprunter la route des moulins? C’est un circuit de 25 kilomètres élaboré par l’office de Tourisme Intercommunal Au Cœur des Collines Cathares qui regroupe 3 moulins (Ribouisse, Villasavary et Pexiora), témoins emblématiques du passé agricole de la région. C’est assez rigolo de partir à la chasse aux moulins munis d’une carte pour dénicher ces géants des prés. Tantôt face à un champ ou surplombant une vallée, ils ont chacun leur petite particularité et promettent un joli petit détour.

Où dormir en Pays Cathare?

En bon fans d’hébergement insolite, tu préfères dormir dans un château ou dans une roulotte? Ça tombe bien, nous avons testé les 2! Ces deux expériences sont assez différentes puisque l’une est plutôt chic et que l’autre est plutôt cosy mais pourtant, ce fut à chaque fois de très belles rencontres et de très bons moments!

Notre séjour dans la roulotte la Souleillade a été sans hésiter le plus cosy et le plus romantique. Nous sommes arrivés chez Pascale après avoir un peu tourné en voiture et croisé plusieurs fermes en pleine campagne. Elle nous a accueilli avec un sourire solaire ponctué par un joli accent chantant et nous a tout de suite fait visiter sa propriété. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a de la place! En plus de l’énorme mas familial, la propriété possède une ancienne tour de 3 étages transformée en bibliothèque cosy, une basse-cour, une dépendance où se trouve le jacuzzi loué avec la roulotte et un très grand lac avec sa plage aménagée. Le terrain est immense et respire bon le calme et la sérénité, parfait pour un week-end en amoureux déconnecté. La jolie roulotte est très cosy et très simple avec sa déco rustique et chaleureuse et il y a également une petite dépendance où se trouve une jolie petite cuisine équipée. Pascale nous a gâté avec un petit apéro maison composé de petits fours, olives et cerises sucrées et il faut dire que le petite déjeuner du lendemain fut dans la même veine : copieux et préparé avec amour. La seule chose qui nous manquait? Le temps! Nous n’avons même pas pu tester le jacuzzi ni prendre le temps de choisir et dévorer l’un des livres de leur jolie bibliothèque. Cela vaudrait vraiment le coup d’y passer une demi-journée de plus!

Pour une escapade en amoureux un peu plus chic, il y a le Château de la Prade à Bram. Il faut bien le reconnaître, l’imposante bâtisse nous a un peu effrayé une fois la porte passé alors que nous étions en jean et baskets et que notre voiture boueuse stationnait aux côtés de berlines étincelantes. Nous ne sommes pas vraiment des habitués de ce genre d’endroit où la décoration style Louis XVI va de paire avec de la musique classique et nous n’aurions certainement jamais réservé dans un tel lieu si nous n’avions pas suivi les conseils de l’Office de Tourisme. Pourtant, le lieu ne manque absolument pas de charme et ce petit plus qui parfait l’expérience est incontestablement Hanas, le propriétaire des lieux. D’un naturel timide et assez réservé, il n’en reste pas moins souriant, accueillant et curieux. On sent tout de suite que c’est un plaisir pour lui de recevoir et de faire visiter cette superbe propriété qu’il est en train d’acquérir et de transformer en y créant notamment un poulailler et un potager. Il nous parle de ses projets avec passion et détermination et c’est un véritable plaisir d’échanger avec lui. Les plats servis à sa table d’hôte se veulent raffinés et aussi élaborés que dans un restaurant et le petit déjeuner est copieux et délicieux. Le rapport qualité/prix est plus que raisonnable et c’est finalement un bien belle adresse que nous sommes heureux d’avoir testé!